Scroll Top

Simulation, de quoi parle-t-on ?

La simulation en santé

La simulation en santé pour la Haute Autorité de Santé (HAS) est une méthode pédagogique active basée sur l’apprentissage expérientiel et la pratique réflexive et qui s’adresse à tous les professionnels de santé. « Elle correspond à l’utilisation d’un matériel (mannequin, simulateur procédural, etc.), de la réalité virtuelle ou d’un patient dit standardisé pour reproduire des situations ou des environnements de soins, pour enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et permettre de répéter des processus, des situations cliniques ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels. »
(document HAS « Guide de bonnes pratiques en matière de simulation en santé ».)

La simulation est associée à une approche constructiviste de l’apprentissage dans laquelle l’apprenant est confronté à une situation problème qu’il doit reconnaître, analyser et traiter par la mise en œuvre d’actions correctrices. Cette situation problème est la reproduction d’une situation de soin la plus réaliste possible.
Dans cette situation, le patient est représenté par un mannequin haute-fidélité, possédant des potentialités anatomiques et physiologiques proches du réel ou par un acteur. Grâce à une interface informatique, le mannequin peut parler, émettre des bruits, respirer, reproduire de nombreux signes cliniques et répondre aux actions de soins entrepris par les apprenants. Le principe est de permettre un apprentissage du raisonnement clinique, dans un cadre sécurisé dans lequel le droit à l’erreur est admis comme étant bénéfique à la construction des savoirs. Le patient peut être également un acteur, nous parlons alors de « patient standardisé » qui est formé à simuler l’histoire d’un vrai patient, en reproduisant des signes cliniques, un discours, des réactions émotionnelles qui ont été définies dans le scénario. Il donne à l’apprenant l’occasion de se confronter à une situation clinique réaliste en mobilisant son jugement clinique, ses capacités relationnelles, son savoir-être sans porter atteinte à un patient réel.

Le deuxième principe de la simulation est de favoriser l’immersion de l’apprenant par le réalisme de l’environnement et l’authenticité du contexte.
Organisation d’une séance de simulation : Du briefing au débriefing
Les programmes de simulation sont organisés en séances. À l’issue de chaque séance, un débriefing est réalisé et des actions d’amélioration sont proposées.
La simulation peut se dérouler soit en centre de simulation, soit par simulation in situ.
Dans tous les cas, les programmes de simulation sont organisés selon les règles de bonnes pratiques définies par l’HAS
Une séance de simulation se déroule selon un schéma préétabli et comprend 3 phases distinctes : le briefing, la mise en situation et le débriefing.

– Le briefing
L’objectif de cette introduction est de créer un climat d’apprentissage favorable où les quatre principes essentiels que sont la bienveillance, le droit à l’erreur, la confidentialité des échanges et des images et le ludisme de l’activité sont rappelés. Les objectifs pédagogiques de la séance et la thématique de la situation simulée sont annoncés ainsi que l’environnement de travail. Cette phase est capitale dans le champ de la psychologie cognitive car elle évite les effets de surprise pour les apprenants qui se sont portés volontaires.

– La situation simulée
Elle dure de 10 à 15 minutes et se déroule dans un environnement adapté favorisant l’immersion de l’apprenant par le réalisme de l’environnement et l’authenticité du contexte. C’est le temps pendant lequel les apprenants, en mobilisant leurs connaissances antérieures vont résoudre des problèmes de situation de soins.

– Le débriefing
La troisième phase, celle du débriefing, est considéré comme l’axe central de la séance de simulation. C’est le temps majeur d’apprentissage et de réflexion grâce à une rétroaction sur l’action des apprenants. Le débriefing est conduit par un formateur formé aux techniques de simulation, et dure deux à trois fois le temps de l’action simulée.

Le débriefing comporte trois temps :
Un premier qui est la phase de réactions des apprenants face à la situation, dans laquelle ils expriment leurs émotions, le but étant de les soulager du rôle qu’ils tenaient dans la simulation. Cette dépose des émotions est nécessaire avant le travail d’analyse car le formateur en simulation est garant de la sécurité affective des apprenants.
Le deuxième temps la phase d’analyse, c’est un temps ou le formateur va guider la réflexion en s’intéressant non pas au produit fini de l’action à la performance mais au raisonnement clinique et au processus cognitif ayant mené à l’action observée.

Ainsi, le formateur doit veiller à ce que le débriefing porte sur le réel de l’activité, et pas seulement sur le réalisé. L’analyse doit porter sur ce que l’apprenant a fait, ce qu’il n’a pas fait, ce qu’il n’a pas pu ou su faire, ce qu’il ne voulait pas faire, si les évènements survenus pendant la simulation ont contrarié son activité, ses choix.
La troisième phase du débriefing est celle de la synthèse des points abordés pendant le débriefing. Cette étape est un moment clef pour renforcer l’apprentissage et revenir sur les messages importants identifiés durant la phase d’analyse. Le formateur énonce la formulation de messages clefs mais aussi d’objectifs d’apprentissage visant à favoriser le transfert de connaissances développées en simulation vers leur application dans le milieu professionnel.

Arnaud Barras, vice-président de l’ABASS.
Frédéric Lepetit, président de l’ABASS.